Il la pense, la connaît et se l'approprie. Selon Hegel, il existerait deux manières de prendre conscience de soi. Sur cette route, il rencontre nécessairement l' altérité d'autrui. Le désir est une tension née d’un manque qui vise un objet ou un sujet dont la possession est susceptible de procurer de la satisfaction, donc du plaisir. Réciproquement, l'autre conscience se présente de la même façon comme étant elle-même un pur désir, résistant à tout désir d'appropriation. Le désir s’inscrit dans le temps dans l’attente car désirer, c’est à la fois vouloir posséder l’objet convoité et en même différer ce moment pour continuer à désirer car la réalisation du désir signifie la mort du désir. Tenons pour exemple Léonard de Vinci qui a fait des dessins d’objets volants. Pour Hegel, le désir humain fondamental n’est pas désir de consommation de l’objet, désir de plaisir ou de jouissance physique (cf. Ayant voulu défier les Dieux, ces derniers punirent les sphères et les coupèrent en deux. L’apathie caractérise celui qui ne se trouble pas. Discover Interview de Simone. Tantale est ainsi condamné à ne jamais posséder ce qu’il désire et ne peut jamais éteindre sa soif et sa faim. « joie désintéressée » : s’oppose à « intéressé » : être intéressé par quelque chose : regarder, viser la chose non pas pour ce qu’elle est mais relativement à l’usage que je peux en faire, donc dans un esprit calculateur, égoïste…. En ce sens, le désir est le produit d’une construction intellectuelle dans lequel le sujet désirant imagine, idéalise l’objet et se projette. Quand l’imagination stimule la raison pour que celle-ci pense au-delà de ce que le réel offre et quand, en même temps, la raison canalise l’imagination pour que celle-ci puisse demeurer dans ce qui procède du possible, alors par le désir, le sujet peut réaliser ce qui lui semblait procéder de l’impossible, de l’improbable. Ainsi, selon Hegel, tout désir est fondamentalement désir du désir de l’autre. Elle est constituée de forces qui luttent les unes contre les autres, les unes avec les autres. Parce que le désir manifeste une volonté de puissance affirmative, qui affirme la vie, condamner le désir revient à condamner la vie. Faire l’épreuve du désir, c’est aussi prendre le risque de se découvrir soi-même. (ligne 8 à 17) Pour se réaliser dans son être, la conscience de soi doit donc dépasser ses propres contradictions, ce qu’elle ne peut faire que par la rencontre d’autrui. « Vaincre nos passions ? Qu'est-ce qui différencie alors l'homme de l'animal ? Le désir se dédouble. Mélanges Dauvillier. Toulouse, Centre d'histoire juridique méridionale, 1979. Deux ou trois mois après on le retire couvert de cristallisations brillantes : les petites branches, celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d’une mésange, sont garnies d’une infinité de diamants, mobiles et éblouissants, on ne peut plus reconnaitre le rameau primitif ». Epictète explique que le désir est toujours synonyme de souffrance. La Raison (Logos en grec) est la faculté intellectuelle fondée sur la logique qui permet le raisonnement ordonné, démonstratif et cohérent. L'existence humaine n'a de sens que dans le mouvement pratique, dans l'action, qui constitue la conscience comme une conscience de soi pour soi. Lorsque l'homme agit dans le monde, il agit non pas pour subvenir à ses besoins et survivre en tant qu'espèce animale plongée dans l'immédiateté de la nature transformant instinctivement les choses de la nature en bien utile à son existence. Dans l'action, l'homme transcende (se place au-delà de) la nécessité naturelle. Le mouvement par lequel la conscience se constitue comme conscience de soi pour soi passe donc nécessairement par la médiation du désir d'autrui. Ainsi, pour éprouve du plaisir sans dépendance et sans manque, il semble nécessaire de ne satisfaire que les désirs naturels et de les satisfaire de façon raisonnable (ni trop ni trop peu). N'étant pas seule au monde comme l'était le Cogito cartésien, inévitablement la conscience hégélienne se trouve confronté au regard de l'autre, dans lequel elle cherche à conforter sa propre vérité. Genèse et structure de la phénoménologie de Hegel (1946). Le bonheur ainsi défini semble donc inaccessible. [Pour se réaliser dans son être la conscience doit dépasser ses propres contradictions, ce qu'elle ne peut faire que par la rencontre d'autrui.]. Prendre le risque de nos désirs, n’est-ce pas ce qui nous permet d’agir au-delà de ce que le réel semblait offrir ? Cette définition de la conscience a été formulée de la façon la plus aboutie dans l’histoire de la philosophie par René Descartes au XVII° siècle. Je ne peux exister comme conscience de soi pour moi que dans la rencontre réciproque et effective d'une autre conscience, extérieure mais similaire à moi, dans le monde. Si n… Lorsque l'homme agit dans le monde, il agit non pas pour subvenir à ses besoins et survivre en tant qu'espèce animale plongée dans l'immédiateté de la nature transformant instinctivement les choses de la nature en bien utile à son existence. Dès le premier paragraphe Hegel marque la spécificité de l'homme en insistant sur ce qui fait sa double existence , d'une part comme être naturel, d'autre part en tant qu'esprit, c'est-à-dire en tant qu'être susceptible de prendre conscience de lui-même. Exercice : Karl Jaspers, Qu'est-ce que la philosophie ? Le désir amoureux procéderait d’une unité originelle qui aurait été perdue. En conséquence de quoi, ce n’est pas le plaisir qui est à condamner mais la dépendance au plaisir qui nous rendrait esclaves de nos désirs au point de sombrer dans la démesure et dans l’excès. Cette rationalisation des désirs conduirait à la maîtrise de soi. Propulsé par WordPress - La-Philosophie.com - 2008-2020. Cette rationalité permet de penser les désirs, de les trier et de les hiérarchiser : « Naturel » : ce que la nature me commande. La conscience de soi ne parvient donc à exister, au sens où exister n'est pas seulement être-là à la manière des choses, que par une «opération» qui la pose dans l'être comme elle est pour soi-même ; et cette opération est essentiellement une opération sur et par une autre conscience de soi. Il se valorise ainsi et parvient à faire abstraction de certaines choses, rendant donc la pensée relativement subjective. Et réciproquement, lorsque l'autre conscience se contemple dans le regard de la conscience, elle ne voit elle aussi qu'une chose. D'une part "chacune voit l'autre la même chose qu'elle fait", chacune des deux consciences modèle son comportement sur ce qu'elle reconnaît de soi en l'autre, mais d'autre part le désir se fait aussi "mimétique", comme l'écrirait aujourd'hui René Girard : chacune "fait ce qu'elle fait en tant que l'autre le fait aussi", chacune des deux conscience agit en copiant ou en désirant le désir de l'autre, parce qu'il est autre. Par voie de conséquence, la satisfaction de tous les désirs par la crainte de la mort est absurde. Spinoza (1632 – 1677) Pour Spinoza, le désir a donc une orientation positive. La volonté : capacité à s’auto-déterminer et ce à partir d’un choix raisonné, réfléchi et d’un jugement correct. « Les passions les plus puissantes sont les plus précieuses dans la mesure où il n’y pas de plus grande source de joie ». David Warnery, professeur de philosophie à Nantes, nous parle du désir de reconnaissance qui est le moteur de tout ce que nous entreprenons, selon le philosophe allemand Hegel. Free trial available! Hannah Arendt écrira plus tard que les hommes ne peuvent communiquer, échanger que parce qu’il se rencontrent au sein d’une pluralité dans laquelle à la fois ils se distinguent et se séparent, et à la fois ils se ressemblent et se comprennent. Le désir se révèle toujours comme mon désir, et pour révéler le désir il faut se servir du mot « je ». A l’époque, la chose paraissait improbable, aujourd’hui, c’est réalisé. Non aturels et non nécessaires : le corps ne le demande pas, ils sont inutiles. Le désir est ce qui manifeste à l’homme son incarnation : certes, il est un sujet qui pense de façon rationnelle, mais il est aussi un être qui éprouve, qui est animé par des forces qui parfois le dépassent, le débordent. Et le désir est la manifestation de cette volonté de puissance. Cet arrachement au vouloir-vivre, la possibilité de ressentir du plaisir sans désir, l’homme peut l’éprouver face u Beau, face à l’œuvre d’at. D'autre part, la conscience se manifeste comme conscience ou certitude de soi. Bien au contraire, il explique que la vie consiste à rechercher le plaisir et à éviter la souffrance. Par cette citation, force est de constater que le désir sollicite l’activation de la faculté intellectuelle que l’on nomme imagination. Bref, chez Hegel il y a une échelle de désirs qui s’établit selon le statut de l’objet du désir. Poser la nature pensante de l’homme ne suffit pas à expliquer le pourquoi de l’émergence d’un « je », d’un être capable de témoigner par le langage, non seulement de la présence de l’Être, mais aussi de la présence de l’être qui révèle l’Être. Selon l’échelle hiérarchique de désirs chez Hegel, le désir érotique fait preuve d’un déséquilibre entre le sujet désirant et l’objet désiré, ce qui est typique d’un rap- port purement naturel et non spirituel. Le désir se révèle toujours comme mon désir, et pour révéler le désir il faut se servir du mot « je ». Si maîtriser ses désirs permet de ne plus les subir et d’atteindre une certaine sagesse, le désir est aussi ce qui nous met à l’épreuve et qui nous interroge sur notre capacité à pouvoir assumer nos désirs. Avant d’être une discipline d’étude, il s’agit avant tout d’une certaine manière de voir le monde, de le questionner. Elle est un acte réflexif («, Cette définition de la conscience a été formulée de la façon la plus aboutie dans l’histoire de la philosophie par. Une approche philosophique de la maladie, La Neuro-philosophie et le Transhumanisme, Créon, héros tragique: Une lecture philosophique du mythe grec, La philosophie de Heidegger: De l’étant à l’Etre, Modifier les paramètres de confidentialité, désirs naturels et nécessaires (boire, manger, dormir), désirs naturels et non nécessaires (sexe), désirs non naturels et non nécessaires (richesse, gloire…), Ce qui dépend de nous : les jugements que nous portons sur les événements, Ce qui ne dépend pas de nous : les événements eux-mêmes. De la même façon, si le monde ne répond pas à mes désirs, je ne peux pas changer le monde mais je peux changer mes désirs. Si originellement le désir est irraisonné, illimité, le soumettre au travail de la raison pour que cette dernière le canalise et le maîtrise, est-ce atteindre une certaine forme de sagesse ou tuer le désir pour le limiter au simple besoin ? De ce fait il s'affirme comme un être spirituel et culturel, échappant au déterminisme naturel. Phrase 6 - " Le mouvement est donc uniquement le mouvement de deux consciences de soi. Le désir implique ainsi un jeu entre l’imagination et la raison. Ainsi en instaurant une distinction entre elles, qui à la fois les sépare et les unit, les consciences forment une « pluralité » indispensable au fondement culturel de l’humanité. Fiche de 1 pages en culture générale & philosophie : Le désir selon Epicure et Hegel. Il transforme la nature, l'assimile à son être pour l'utiliser dans le sens de son propre vouloir. Contrairement aux choses, pour pouvoir être, l’homme ne peut pas être un être qui est, qui est éternellement identique à lui-même, qui se suffit à lui-même. Hegel y voyait le … Recht und Frieden in der Philosophie KantsLaw and Peace in Kant’s Philosophy: Akten des X. [Les manifestations de la conscience sont doubles et contradictoires ]. C’est la raison pour laquelle la possession de l’objet visé n’est que susceptible de mettre un terme à la souffrance provoquée par le manque. Eu égard à l’objet, cette conscience ne réussit à s’atteindre dans son égalité à elle-même que par la suppression de cet objet. Je ne suis une conscience de soi que si je me fais reconnaître par une autre conscience de soi, et si je reconnais l'autre de la même façon. Elle doit être désirée non comme une chose ou un être susceptible de combler un manque, ou un besoin, mais comme un désir identique au désir qui désire, un non-être, ne pouvant de ce fait être ni consommé, ni absorbé par autrui. Le mouvement par lequel la conscience se constitue comme conscience de soi pour soi passe donc nécessairement par la médiation du désir d'autrui. Ils sont idéalisés par le travail de l’imagination. Mais dans cette manifestation de soi, elle doit découvrir une égale manifestation chez l'autre. Le désir n'est pas égoïste, replié sur lui-même, il recherche l'autre. Il la pense, la connaît et se l'approprie. III. Ce que le réel offre peut-il répondre de ce que l’imagination a produit ? La conscience de soi ne peut se réaliser que dans la rencontre d'une autre conscience ou d'un autre désir considéré comme égal. Les désirs non naturels et non nécessaires sont des désirs vains, inutiles. Ce phénomène peut alors le conduire à éprouver du plaisir sans désir. « Le plaisir imaginé s’appelle désir » (Ricoeur). Face à l’urgence et à l’exigence du désir, peut-on raison garder ? Il est important de noter que cette altérité qui distingue les consciences n’est pas une altérité radicale de nature, comme le serait celle opposant le sujet et l’objet, mais relève d’avantage d’une différence d’individualités.